La Théologie par les pieds - Des personnes à qui on ne demande rien - Quand des vies nous retournent
Lien vers leur site : https://latheologieparlespieds.be/
La théologie par les pieds - Proposition de chemin théologique
La théologie par les pieds est un chemin. À l’écart des grand-routes, il prend la direction des périphéries, il atteint les lieux où l’humanité vit à l’épreuve de la fragilité, de l’exclusion, de l’injustice : ces lieux où vivent « des femmes et des hommes dont la voix est si atténuée qu’on les nomme souvent les sans voix »* Et c’est pourquoi, en portant ses pas sur ce chemin et en ces lieux de vie, la théologie par les pieds n’est pas d’abord un discours, mais une pratique : celle des rencontres humaines, de l’hospitalité, du dérangement, des luttes partagées et des solidarités patiemment tissées.
La théologie par les pieds se pratique à la lumière des situations et des relations vécues, écoutées avec tendresse et émerveillement, là où l’autre est en butte à ce qui fragilise son humanité, là aussi où se vit l’expérience de la joie, du bonheur, de la force de vivre. C’est une théologie vécue comme une ouverture et un décentrement, elle ignore la pensée en vase clos. Sa réflexion solidaire l’ouvre au partage de ce que l’humanité vit durement, et la rend sensible à ce que les humains vivent de juste, de bon et de fort : cela à la manière dont Jésus, dans l’Évangile, se rend proche des personnes et des groupes meurtris, et se réjouit de ce qui advient d’heureux aux plus petits.
Sur son chemin, la théologie par les pieds ne s’appuie pas sur des évidences, ou
sur ce qui est supposé tel. C’est une théologie qui n’est ni faite d’avance, ni prête à
l’emploi. Elle est une recherche, aimantée par ce qui peut se dire et se faire autrement, différemment, en puisant ses ressources dans l’expérience et les pratiques, au cœur des réalités et des situations vécues. Là, justement, où elle a les pieds. Là, donc, où elle peut appuyer sa réflexion, qui consiste à déconstruire tout ce qui prétend justifier le mal fait à l’humain, pour ensuite construire les possibilités et les voies, si ténues ou discrètes soient-elles, d’une vie digne de l’humain.
Il s’agit là d’un travail critique et constructif, mais qui n’accouche pas d’une théorie.
Ce sont les pratiques qui créent le « lieu » théologique de la théologie par les pieds,
laquelle n’a de cesse d’articuler trois questions simples, dont personne n’a la propriété
exclusive, ni la réponse toute prête : qui est Dieu ? Qui est l’humain et : que faire
ensemble ? Ces trois questions ouvrent un large espace à une théologie qui ne se vit et ne se pratique pas sans d’autres ; à une théologie dont l’expérience et la parole entrent en résonnance avec ce qu’inspirent la foi, la tradition, les convictions, les manières de vivre, de penser et d’agir, mais aussi avec ce qui interrogent celles-ci.
La théologie par les pieds arpente ainsi les voies multiples et différentes de la recherche de sens, d’espoir et de confiance en l’humain. Aussi chemine-t-elle en compagnie des personnes et des courants nourris des luttes de justice, d’égalité, de citoyenneté, pour une société démocratique consciente des enjeux environnementaux et géopolitiques. La théologie par les pieds reconnaît ses devanciers. Elle sait que d’autres, déjà, sont passés par là et ont relu leurs expériences, leurs épreuves, leurs joies. Ils/elles ont transmis des récits, des langages et des pratiques qui ont puisé aux sources vives de l’humain, digne d’une vie juste et bonne. C’est en ce sens que les récits bibliques relus ensemble, croisés avec d’autres sources, sont inspirants. La théologie par les pieds ressemble ainsi à « une corde tendue dans la réflexion théologique entre les lieux d’impuissance, de mal, d’inégalités (...) et l’expérience libératrice de l’Évangile »*
La théologie par les pieds n’est pas un chemin tracé d’avance. Mais si elle avance,
c’est grâce à la conscience qu’un exode est l’autre nom d’un chemin de délivrance et
de liberté, où personne n’est laissé.e seul.e. Car ce qui met la théologie par les pieds
en mouvement, c’est aussi une force de rassemblement : elle relie des groupes et
des personnes qui peuvent témoigner de sa fécondité et lui ouvrir ainsi un avenir. La
théologie par les pieds en fait l’expérience : toute rencontre au cœur de l’humain, ne
reste pas sans lendemain.
* Extrait de : J.C. Brau et C. Werbrouck, La théologie par les pieds, Journée du 13 novembre 2021.
Jean-Claude Brau, Véronique Herman, Pontien Kabongo (Cefoc)
Axelle Fischer (Entraide et Fraternité/Action Vivre Ensemble)
Bernard Van Meenen (Lumen Vitae)
Caroline Werbrouck (Vicariat de la Santé du Diocèse de Liège)
Bernadette Wiame, Brigitte Laurent (Focap)
Isabelle Gaspard (L’appel)
Ignace Berten, Théologien
Namur, mars 2023
La Théologie par les pieds - proposition de chemin théologique
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La Théologie par les pieds - écho de la journée par Jean-François Lauwens
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Le 13 novembre 2021, à l’invitation du Cefoc et de trois partenaires, Entraide et Fraternité/Action Vivre ensemble, Lumen Vitae et le Vicariat de la santé du diocèse de Liège, une foule nombreuse s’est retrouvée autour de la mémoire de trois théologiens « par les pieds » décédés en 2020 : Jean-François Grégoire, Thierry Tilquin et Jean-Louis Undorf. Un temps d’hommage, de retrouvailles et de réflexion, les pieds dans la vie !
La parole aux amis
La matinée fait la part belle aux paroles d’ami.e.s et collaborateur.trice.s de Jean-François, Thierry et Jean-Louis. Ces témoins-amis nous donnent à voir non des super-héros mais des hommes de chair, d’os, d’engagement et de vulnérabilité. Trois hommes solidement ancrés dans des lieux et des réalités concrètes de femmes et d’hommes d’aujourd’hui : dans les prisons, les quartiers populaires, des lieux d’Église, le quart-monde, les mouvements, les hôpitaux mais aussi en Afrique, en Amérique latine et en Asie. En vivant et en luttant avec eux, ils ont mené une recherche de sens, jamais aboutie, inspirée par la vie et les actes de Jésus de Nazareth, lorsqu’il allait, lui aussi à la rencontre des femmes et des hommes de son temps. Loin d’être un temps nostalgique, cette évocation des trois amis ouvre un chemin et ranime nos propres engagements.
Un temps de prise de recul
José Reding, qui fut professeur des trois amis, rappelle « l’humus », le terreau commun de ces « penseurs par les pieds ». À l’époque de leur formation théologique à Namur, souffle – pour un temps – le vent d’ouverture qui a suivi le Concile Vatican II. C’est un climat où des portes s’ouvrent et se claquent, et pas seulement dans l’Église. Des dynamiques culturelles et sociales bousculent les traditions. La certitude de la nécessité de croire en Dieu pour bien vivre est mise en question. Jean-François, Thierry et Jean-Louis ont les pieds et la tête dans cette ambiance particulière.
Télécharger ici le document PDF de l’intervention de José Reding
Caroline Werbrouck et Jean-Claude Brau rappellent eux aussi que toute réflexion produite sur la foi reste marquée par le lieu où elle est produite : aucun discours n’est absolu, et personne ne traverse l’intégralité des expériences humaines possibles. Mais chacun.e peut, à partir du lieu qui est le sien, renvoyer vers une vérité que personne ne détient. Ainsi, une théologie par les pieds sera toujours provisoire, locale et tâtonnante.
Télécharger ici le document PDF de l’intervention de Jean-Claude Brau et Caroline Werbrouck
L’histoire à poursuivre
Avant de vivre un temps de célébration symbolique, les participant.e.s ont eu l’occasion, en petits groupes, d’échanger sur leurs « terreaux à eux/elles » : chacun.e a les pieds quelque part, dans des luttes et des défis. Et chacun.e est chercheur de sens, souvent avec d’autres, dans des collectifs.
Journée de réflexion et de formation en hommage à Jean-François Grégoire, Thierry Tilquin et Jean-Louis Undorf
En 2020, trois théologiens de la même génération nous ont malheureusement quittés. Jean-François Grégoire, Thierry Tilquin et Jean-Louis Undorf avaient en commun de penser et de poser les questions théologiques à partir de leur enracinement dans des lieux frontières (prisons, quartiers populaires, ATD Quart-Monde, personnes sans papiers...).
Pour leur rendre hommage, le Cefoc (Centre de Formation Cardijn), le Centre Lumen Vitae, Entraide et Fraternité et Action Vivre Ensemble organisent une journée de réflexion et de formation.
Présentation de la journée dans l’émission radio RCF « Juste terre ! » : https://rcf.fr/actualite/juste-terre?episode=163744
Intervenant·e·s
La théologienne Caroline Werbrouck (Vicariat de la Santé - Liège) et les théologiens Jean-Claude Brau (Cefoc - Namur) et José Reding.
Objectifs de la journée